Depuis peu, plusieurs communes de la ville de Kinshasa ont lancé des opérations de renouvellement des plaques d’immatriculation des parcelles, sous prétexte d’une meilleure localisation de leurs administrés. Bien que salutaire et souhaitée, cette opération de routine sur le plan administratif suscite beaucoup d’interrogations, en raison notamment de leur coût exorbitant pour les familles modestes.
Selon les « avis de passage » déposés par les agents municipaux chargés du recouvrement des fonds, chaque nouvelle plaque revient à cinq mille francs congolais. Mais à considérer les plaques métalliques en question, elles devraient coûter moins de la moitié. En tenant compte des milliers de parcelles de la commune de Kintambo, on pense que l’opération pourrait rapporter plusieurs millions de francs congolais à ses initiateurs.
A quoi vont servir les fonds devant provenir de la vente des plaques d’immatriculation parcellaire ? Voilà l’autre question qui fait penser à l’arnaque car aucun travail d’assainissement ou de réhabilitation des infrastructures n’est annoncé ou lancé par l’administration communale. Les contribuables de Kintambo voudraient bien connaître la destination que prendrait le fruit de la vente des plaques d’immatriculation parcellaire.
On déplore aussi le harcèlement et les menaces d’arrestation dont sont l’objet les résidents des parcelles « non en règle ». On craint qu’il ne s’agisse là d’une voie ouverte à tous les abus vis-à-vis de la population.
Pas plus tard durant la semaine du 8 au 13 février, les habitants de la commune de Kitambo ont été surpris de recevoir un avis du cabinet de leur bourgmestre pour le moins peu courtois. Noir sur blanc, il est clairement dit : « Avis de passage pour une bonne identification des parcelles de la commune : En exécution de l’ordre de mission N°03/2016 de Monsieur le Bourgmestre de la commune de Kitambo, les agents de la commune et du quartier procéderont à la pose des plaques d’immatriculation parcellaires moyennant 5.000 fc (Cinq mille francs congolais) dans chaque parcelle obligatoire. La pose de la plaque interviendra 3 jours après la distribution de l’avis de passage et le paiement sera cash. N.B. Les récalcitrants ou les insolvables seront passibles à des lourdes sanctions. »
Là où le bât blesse, c’est le ton utilisé par l’autorité communale pour exiger la pose de ces plaques maintenant, alors que la crise économique frappe de plein fouet des milliers de familles dont les parents sont sans emploi ou n’arrivent pas à vivre de ce qu’ils gagnent mensuellement. D’autre part, comment la population peut-elle avoir confiance en des agents qui donnent l’impression d’encadrer une opération illicite ? Il y a aussi le fait que l’avis de passage ne signale nulle part la preuve de payement à remettre aux propriétaires des parcelles qui vont souscrire à la pose de nouvelles plaques.
Il convient de signaler qu’ailleurs, notamment dans la commune de Mont-Ngafula, et plus précisément à la Cité Mama Mobutu, les résidents s’étaient catégoriquement opposés à une telle opération du fait de l’avoir jugée frauduleuse. Et, de fait, après vérification, il s’était avéré que l’initiative cachait des zones d’ombres. Les observateurs espèrent qu’avant de mettre ses menaces à exécution, le bourgmestre de la commune de Kitambo et ses services vont prendre soin de mener au préalable une campagne de sensibilisation auprès de leurs administrés, afin de leur expliquer le bien-fondé d’une telle opération mais également les fixer sur la finalité de la cagnotte qui sera collectée.
MCN.net via imcongo.com
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