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Sud-Kivu: faut-il dire adieu à la belle ancienne « Suisse d’Afrique »?

06/02/2020

Bukavu, l’ancien chef lieu de la région du Kivu, appelé aussi Constermansville, a perdu toute sa beauté, sa verdure. Plus rien ne ressemble à une ville pour cette belle et ancienne “Suisse d’Afrique”.

Bukavu, Costermansville, d’un poste militaire à la capitale du district du Kivu

La ville de Bukavu a commencé comme un poste militaire en 1900. Il s’agissait du poste de Nyalukemba. Jusqu’en 1923, Bukavu a fonctionné comme Territoire du Kivu dépendant du District de Rutshuru de la Province Orientale.

En 1924, Bukavu devient chef-lieu du district du Kivu au lieu de Rutshuru mais tout en continuant sa dépendance vis-à-vis de la Province Orientale. En 1933, Bukavu cessa de dépendre de la Province Orientale et devint Province du Kivu.

Bukavu qui a été confirmée capitale du district du Kivu en 1924 va connaitre à cette époque la construction des maisons pour l’administration et le personnel vers Labotte. Une année plus tard, soit en 1925, Bukavu est érigée en circonscription urbaine. L’installation du District a attiré beaucoup de colons et une nombreuse main d’œuvre noire.

L’histoire renseigne que vers les années 1927-1940, l’on a assisté à la première extension de la ville. C’est le temps qu’on observe un remplacement progressif des paillotes par des maisons en briques. Les constructions s’accompagnent de boisement selon l’aphorisme où l’on bâtit. En ce moment, Nyofu et le plateau d’Ibanda sont encore vides.

Si les années 1954 étaient celles de la croissance de la ville de Bukavu, l’année où l’on enregistre des grandes constructions, les années 1970 viennent avec des constructions peu commodes et sans respect des normes urbanistiques.

Jusque là, il y avait encore une lueur d’espoir, une certaine beauté de la ville. Les guerres de rébellion ont dévasté des villages entraînant ainsi un exode rural sans précédent

Le relâchement en matière de l’application des lois sur l’urbanisme a détruit Bukavu

Bukavu la belle, la verte devient progressivement la salle, la sèche, un bidonville ou plus aucune norme urbanistique n’est respectée avant pendant et après des constructions.

Ce relâchement en matière de l’application des lois sur l’urbanisme se fait remarquer depuis la période post-coloniale, vers les années 1970. En ce temps, il y a eu un laisser-faire car certains habitants ont profité des facilités extraordinaires offertes par l’administration post-coloniale pour l’acquisition des parcelles.

C’est en cette période que l’on remarque l’augmentation des maisons semi-durables en ville ne répondant pas aux normes de l’urbanisme et dont la construction a été faite sans le concours préalable du Bureau d’Etudes de la mairie.

Tout est alors fini quand des villages ont été détruits, dévastés par des groupes armés. L’insécurité devenue grandissante a rendu invivables ces milieux ruraux.

Des ménages ont migré de partout en direction de la seule ville de Bukavu. Le permis de construire, même à des endroits les plus impropres à la construction sont facilement octroyé à qui veut. 

Il faut reconnaître la contribution du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) dans la destruction totale de ce qui restait encore pour la belle Costermansvillle. C’est en cette période que l’on octroie des “parcellettes” de 5m2 et les morts et les vivants cohabitent.

Des victimes de cette léthargie se font enregistrer par centaines voire par milliers

Des quartiers spontanés mal intégrés dans le plan de l’urbanisme de la ville, “propre à la vente mais impropre à la construction” sont les plus touchés par des dégâts. Les collines Karhale, Kabwa Kasire, Elakat, Bourguignon comptent le plus grand nombre des victimes.

Nous sommes maintenant en 2020, plusieurs années après, des victimes s’enregistrent par milliers. Des murs s’écroulent, des eaux de pluie débordent par ci par là et les morts s’en suivent.

La fin de l’année 2019 et le début de 2020 a été cauchemardesque pour des habitants de la ville de Bukavu. D’énormes dégâts humains et matériels ont alors été enregistrés dans toutes les trois communes. 

Plus des 20 personnes ont succombé et plusieurs centaines des maisons endommagées dans des éboulements et glissement des terrains dans la ville de Bukavu. Ceci est à mettre à l’actif de toutes ces constructions anarchiques, résultat du relâchement des autorités qui n’ont pas pu faire face au défi de l’exode car aucun plan tracé au préalable et la mauvaise mentalité des habitants.

Il n’y a pas que l’eau qui fait des victimes à Bukavu. Le feu fait aussi des dégâts et non les moindres. Des centaines des maisons partent en fumée. Elles ne peuvent être secourues car aucun passage pour le véhicule anti-incendie en cas de besoin. Tout ça lié aux constructions anarchiques.  

La solution serait non pas de détruire mais de penser à un nouveau lotissement

Si le relâchement de la part des autorités date des décennies, des victimes s’enregistrent par milliers. Cette ville construite que pour 500.000  habitants en compte aujourd’hui plus de 2 millions. Et des autorités qui n’ont pas été prévoyant se trouvent aujourd’hui devant un fait accompli. 

Pour des experts et plusieurs observateurs, Bukavu n’a plus rien de ville et plus rien ne peut être sauvé. C’est irrécupérable, la seule solution est un nouveau lotissement. 

«La solution serait non pas de les détruire mais de penser à un nouveau lotissement entre Bukavu et Kavumu ou entre Bukavu et Nyangezi en respectant d’une façon stricte les mesures de l’urbanisme pour redonner à Bukavu son image de “Suisse d’Afrique”  », dit un expert du bureau d’étude de la Mairie.

Cependant, il faut que ce nouveau lotissement, bien que pas automatique puisse respecter les normes et tenir compte des réalités sismiques.

Si l’évolution de Constermansville et son développement dans le temps ont été faits au prix des gros sacrifices de la part de ses pionniers, certains y ayant laissé leur peau, des habitants de l’actuel Bukavu et leurs autorités devront donc s’en inspirer et tirer des leçons.

 

 

Source : Laprunelleverte, via IMCongo.com